Monsieur le Président
Je ne suis qu'une bête
Vous penserez peut-être
Que c'est pas important
Ils disent que ce soir
Je rentre dans l'arène
Je vais mourir au terme
De mes quatre printemps
Je n'sais rien de votre art
Je ne suis pas des vôtres
Vous comprendrez le notre
Quand vous saurez le voir
Et s'il me faut combattre
Avec ceux de ma race
Celui que je terrasse
Ne porte pas de fard
Ce qui vous amuse me fait souffrir
Messieurs qu'on nomme "grands"
Faites à votre guise
Mais faut que je vous dise
Si ma mort n'a servi
Qu'a rassurer l'humain
Sur sa toute puissance
C'est qu'il n'a pas conscience
Que la bête c'est lui
Quand ils auront fini
De trucider mon âme
Avec toutes leurs lames
Et qu'ils auront compris
Qu'à les voir si heureux
Au moment où je tombe
J'en aurais presque honte
Si j'étais fait comme eux
Si j'étais fait comme eux
Ce qui vous amuseme fait souffrir
Ce qui vous amuseme fait souffrir
Faut-il qu'ils soient perdus
Pour apprendre l'enfance
A tuer l'innocence
Faut-il qu'ils continuent
A verser notre sang
Dans les villes de France
Plus ils nous font offense
Plus nous avons d'amis
Qui s'en vont dire aux gens
N'allez pas aux arènes
Ces lieux sont plein de haine
Eloignez vos enfants.
Tenez vous le pour dit
Que leurs milliers de larmes
Sont devenus les armes
Contre vos barbaries
Contre vos barbaries
Ce qui vous amuse me fait souffrir
Ce qui vous amuse me fait souffrir
Ce qui vous amuse me fait souffrir