La face cachée des œufs
Depuis le 1er janvier 2012, les poules pondeuses doivent disposer de cages plus grandes. Mais tous les producteurs ne sont pas aux normes.
Le sort des poules s’améliore… un peu. Une norme européenne, entrée en vigueur le 1er janvier, impose d’augmenter la surface de leur cage : de 550 cm2, elle passe à 750 cm2, avec des aménagements (nid, perchoir). “On ne passe pas du Formule 1 au Four Seasons, ça reste une cage, mais moins inconfortable”, note Frédéric Vincent, porte-parole du Commissaire européen chargé de la politique des consommateurs.
3,7 millions de poules "illégales"
La directive sur le bien-être animal a été adoptée en 1999, mais les éleveurs traînent la patte. Quatorze Etats membres risquent une procédure d’infraction à Bruxelles. En France, 3,7 millions de poules en batteries (sur 34 millions) sont encore dans des cages “illégales”.
"Un investissement colossal"
“Les élevages se préparent, réagit Francis Damay, président du comité national pour la promotion de l’œuf (CNPO). C’est un investissement colossal, de 1 milliard d’euros, l’équivalent d’une année de chiffre d’affaires.” Les prix risquent d’augmenter, même si les œufs de cage restent les moins chers du marché.
Une cage plus petite qu'une feuille A4
“Malheureusement, ces gros investissements ne changent pas grand-chose”, déplore Brigitte Gothière, de L214*. Cette association pour le bien-être animal a visité des élevages aux normes de 2012. “En réalité, on est plutôt à 600 cm2 de surface utile, moins d’une feuille de format A4. Les poules ne peuvent pas gratter, picorer ou étendre leurs ailes.”
L'opinion publique évolue
Plusieurs ONG militent pour la fin des poules en batteries. Selon un sondage Ifop pour CIWF (Compassion in world farming), 75 % des Français sont prêts à payer plus cher pour la garantie d’un élevage en plein air. En Belgique, les supermarchés ne vendent plus d’œufs de cage. Ceux-ci ne représentent plus que 50% du marché en Grande-Bretagne et 40% en Allemagne, contre 80% en France.
Metro
En Europe, plus de 80 % des poules élevées pour leurs œufs sont détenues dans des cages de batteries. En France, près de 38 des 47 millions de poules pondeuses sont ainsi retenues enfermées dans un environnement appauvri à l'extrême et un espace de vie ne dépassant pas la surface d'une feuille de format A4. Dans ces conditions de privations intenses, les poules pondeuses endurent un an de détresse physiologique et comportementale.
Les cages en batterie présentent une incompatibilité irrémédiable avec les besoins essentiels des oiseaux.