Actualité, 1er semestre 2016 !
1.
Le Comité de l'ONU demande à la France « d’accroître les efforts pour changer les traditions et les pratiques violentes qui vont à l’encontre du bien-être des enfants, ceci incluant l’interdiction de l’accès des enfants aux corridas et aux manifestations associées. »
2.
La corrida a été radiée du patrimoine culturel immatériel de la France le 1er juin 2016.
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La corrida expliquée, étape par étape, par le CRAC Europe... l'horreur à l'état pur !
La présélection
Les éleveurs recherchent les « sujets chez qui le goût du combat est le plus développé » disent-ils. Toreros et éleveurs se fixent sur un faisceau d’indices qui constituent « l’apparence globale du taureau ». Les parents du futur « combattant » doivent être sélectionnés, puis il faut «conserver et développer chez le produit» :
- Sa « bravoure », qualité qui pousse le taureau à charger la tête en bas. Cette caractéristique est importante car si l’animal chargeait avec la tête haute, voire à mi-hauteur, il rendrait la tâche du torero plus difficile.
- Sa construction physique, qui est primordiale pour que le taureau ait plus de facilité à mettre la tête en bas. Il doit posséder un garrot plus bas que l’arrière train, un long cou : plus il est court, moins il lui permet de suivre, tout près du sol, le leurre que lui propose le torero.
Le recours à des croisements entre parents rapprochés, permet de conserver la qualité voulue, au risque, avec la consanguinité qui en découle, de tomber dans des « problèmes de faiblesse ». Par sélection génétique, les éleveurs, arrivent à produire des taureaux moins dangereux qui chargent les tissus rouges et non les hommes.
« Il suffit d’interposer un objet entre le taureau et sa proie pour que celui-ci délaisse la proie pour l’objet et le suive». Ce sont eux qui le disent !
La préparation au combat
Avant le combat, le taureau est parfois préparé. Diverses parties du corps de l’animal peuvent être affaiblies :
- Les yeux : enduits de vaseline pour désorienter l’animal.
- Les membres : enduits d’essence de térébenthine qui lui procure des brûlures insupportables, dans le but de l’empêcher de rester tranquille.
- Les testicules : dans lesquels on insère des aiguilles cassées dans le but de l’empêcher de s’asseoir ou de s’affaler.
- Les naseaux : dans lesquels du coton est enfoncé et descend jusque dans la gorge dans le but de rendre plus difficile la respiration de l’animal.
- L’échine, les reins : auxquels sont infligés des coups de pieds et de planches. Ces coups ne laissent aucune traces. Juste avant de rentrer dans l’arène, il peut arriver que l’on laisse tomber une trentaine de fois sur l’animal immobilisé des sacs de sable de 100 kg.
L’usage en dose massive de tranquillisants, d’hypnotisants, voire même de sprays paralysants (identique à ceux utilisés par les forces de l’ordre et altérant la vue) a également déjà été constatée.
Maintenant… le « spectacle » peut enfin commencer.
Le transport
Les taureaux sont ensuite transportés vers les villes taurines. C’est une épreuve douloureuse. Arrachés à leur milieu naturel, ces animaux sont enfermés dans des caissons de contention en bois mesurant moins de 2 m2. Les trajets depuis le Sud de l’Espagne peuvent durer plusieurs jours et les bêtes n’ont aucune possibilité de bouger. Il arrive même qu’on leur fasse passer le trajet sur un plan incliné. Au-delà de la fatigue qui en résulte, elles ne reçoivent ni eau, ni nourriture.
Les transports ayant essentiellement lieu en saison estivale, certains animaux entassés perdent jusqu’à 30 kg dans les camions surchauffés. En 2001, plusieurs taureaux déshydratés ont été retrouvés sans vie dans ces camions de la mort. Certains seront retrouvés morts asphyxiés.
Arrivés aux arènes, les taureaux seront ensuite sortis à coup de jet d’eau, de bâton, d’injures, comme ils ont été embarqués, avec la même délicatesse.
Et le calvaire ne fait que commencer…
L’Afeitado
Cette pratique barbare consiste à scier, à vif, 5 à 10 cm de corne, à repousser la matière innervée vers la racine et à refaire la pointe, le taureau étant alors enfermé dans un caisson dont seules les cornes dépassent.
L’opération génère d’horribles souffrances pour l’animal. La pathologie de la corne est similaire à celle de la dent : c’est une matière vivante très innervée et, donc, hypersensible. En termes de douleur, cette « intervention » reviendrait à nous scier une dent sans anesthésie, les nerfs à vif ! Cette amputation est encore plus ignoble quand elle s’accompagne de l’implantation d’un petit morceau de bois afin d’éviter au sang de gicler. Plus on les arrange - terme employé par le torero - plus les taureaux tombent. L’animal est ainsi tourmenté, garrotté, encagé. Ses plaintes, ses mugissements n’empêchent rien. Piégé, terrorisé, torturé dans ses moelles, il va subir cette terrible mutilation pendant près de 25 minutes.
Pour le taureau, les cornes jouent en quelque sorte le rôle d’antennes. Si ce procédé indigne occasionne une vive douleur qui dissuade l’animal de se servir de ses cornes, les raccourcir revient en outre, non seulement à lui ôter toute perception spatiale, mais aussi à le diminuer psychologiquement. Cette déloyauté a donc pour but de désarmer l’animal. En effet, il ne dispose généralement pas d’un délai suffisant pour prendre connaissance de la nouvelle longueur de ses cornes et ainsi adapter son coup de tête.
Après la scie et le marteau, les cornes sont reconstituées plus courtes avec de la résine synthétique, elle seront râpées, poncées, pour être ensuite vernies. Il n’est pas rare de voir des cornes trafiquées éclater lorsque le taureau heurte les balustrades.
« A deux mètres du taureau, ses cornes conservent tout leur aigu. Vues de très prés, comme seul le torero les voit, leurs extrémités présentent un aspect légèrement arrondi. Cette pratique a des effets psychosomatiques sur le mental des toreros qui en sont friands ». Ils réclament généralement tous l’afeitado.
C’est dans une bulle papale que l’on trouve l’origine de l’afeitado. L’église interdisait la corrida sous prétexte qu’un noble chrétien ne pouvait accepter de risquer gratuitement sa vie ailleurs qu’en combattant l’Infidèle. Sous la pression des souverains espagnols et portugais, Grégoire XIII, transigea et autorisa les corridas à la condition que tout danger mortel en soit exclu, c’est à dire en coupant les cornes ! De nos jours, l’Eglise n’a plus rien à voir à l’affaire. Pourtant l’afeitado persiste.
Si l’afeitado est « encore plus répandu qu’on veut bien le dire », il est beaucoup moins flagrant que ce l’on prétend. Tout à fait invisible à l’œil nu et indécelable de façon infaillible à l’analyse, cette mutilation «a cours même dans les plus grandes arènes espagnoles».
«Enveloppé dans un immense suaire d’hypocrisie, le règlement de l’affaire est régulièrement renvoyé aux calendes grecques dès que la question est abordée dans les instances de régulation du spectacle taurin, qu’elles soient françaises ou espagnoles. Il n’est pourtant qu’une question d’argent».
Durant la contention dans la boîte à treuil, les sabots peuvent également être limés, voire incisés. Des coins de bois seront alors enfoncé entre les onglons. Cette opération déstabilisera fortement l’animal qui aura du mal à rester tranquille.
Sources (pour partie) et citations issues du site Terres taurines
L’alimentation
Avant l’arrivée des élevages spécialisés, le taureau, à l’état sauvage, était un animal puissant, imbattable et pesant plus de 600 kg. Difficile à combattre… Dès 1890, les premiers élevages font fortune en produisant une race de taureaux plus petits, moins rapides et ne pesant plus que 400 kg.
En France, on tente par de savants dosages de répondre à l’attente de toutes les catégories de public, des toreros vedettes et de l’afición. Se distinguent l’aficionado torista, amateurs de gros toros, et l’aficionado torerista, pour qui l’essentiel est le torero et qui «ne juge plus nécessaire de le – le taureau – surcharger artificiellement de kilos».
A l’alimentation naturelle des pâturages est donc souvent substituée une alimentation abondante à base d’aliments composés : un ou deux kilos quotidiens d’un complément alimentaire riche en protéines auquel sont adjoint vitamines à haute dose et minéraux. Cette alimentation artificielle au « pienso compuesto » donne des taureaux obèses, impressionnants, mais à mobilité restreinte, trop gras pour être réellement dangereux. De surcroît, au mépris de l’interdiction, des anabolisants pouvant leur faire gagner jusqu’à 15% de leur poids sont parfois mélangés à la nourriture.
On passe donc de la caste adoucie répondant à la demande d’un marché dominé par quelques « toreros conformistes », au « zeste de piquant intermédiaire entre un taureau soumis et un auroch intolérable ». Le torero Belmonte, en son temps, obtint que l’âge des taureaux qu’il combattait soit abaissé de 5 à 4 ans. Manolete, profitant de l’après-guerre, tuait des novillos de trois ans. A sa suite, les toreros des années cinquante et soixante, Dominguín, Ordoñez, El Cordobes... s’habituèrent à ce taureau âgé de trois ans et demi voire quatre, «le plus souvent afeité, parfois même de façon honteuse» disent-ils.
Ces éleveurs, sous la pression et par les mystères de la génétique, ont fabriqué un animal docile, plus collaborateur, car le taureau étant devenu un produit, il doit suivre la demande des spectateurs et l’évolution du torero.
L’apprentissage des combats
La « bravoure » du taureau doit être vérifiée afin d’éviter la dégénérescence, appauvrissement irréversible qui menace les lignées trop pures. L’apprentissage des combats commence donc très tôt. On fait subir aux bêtes une série de test cruels dans les arènes afin de sélectionner les futurs reproducteurs, géniteurs des «glorieux combattants».
Si ils ont « une attitude défensive satisfaisante », ils seront sélectionnées. Dans le cas contraire, ils prendront le chemin de l’abattoir ou celui des autres activités taurines traditionnelles… Les plus faibles serviront de cobayes aux apprentis torero et matadors afin qu’ils se fassent la main.
«Le taureau doit arriver dans l’arène vierge de toute expérience de lutte contre l’homme. Dans le cas contraire, son intelligence du combat mise au service de sa puissance rendrait tout affrontement suicidaire pour le torero pourtant formé et entraîné». Encore une fois, ce sont eux qui parlent…
L’élevage
Contrairement à l’idée faussement répandue qui veut que pour le taureau dit « de combat » le bonheur soit dans le pré, dès son plus jeune âge, il doit subir les traitements qui incombent à son rang :
- Le sevrage et les bâtons dans le nez pour l’empêcher de téter…
- Les marquages au fer rouge qui, s’ils sont perpétrés depuis la nuit des temps, n’ont rien d’une partie de plaisir pour l’animal !
- Les marquages aux oreilles qui sont parfois découpées à vif au couteau.
- Les taureaux peuvent également être soumis à un « exercice quotidien de marche forcée afin de les endurcir ».
L’anatomie d’un combat joué d’avance
Les « festivités » commencent aux sons d’une réjouissante fanfare de foire. Les toreros ouvrent le bal en défilant crânement dans les arènes. Le premier taureau est ensuite poussé dans l’antre de la mort… C’est parti pour 20 minutes d’épouvante ! 20 minutes «seulement» car passé ce délai, le taureau comprend que ce n’est pas de l’étoffe rouge que vient le danger mais de l’homme… et cela pourrait donc devenir réellement dangereux pour les bourreaux !
Une fois l’animal sorti du toril, les peones agitent leurs capes pour le provoquer de loin et se réfugient très vite derrière les barrières. Ils font alors suffisamment courir l’animal pour l’essouffler, le désorienter et le fatiguer. Il arrive que les taureaux entrent dans l’arène déjà tellement affaiblis qu’ils tombent avant même le début de la séance de torture...
Commence alors le fameux cérémonial qui se veut « traditionnel et innocent ».
1er acte : le tercio de pique
Pique, longueur totale : 21 cm. Il s’agit d’un affaiblissement préalable. Cette tâche incombe à deux picadors. Ils entrent alors en piste armés de longues piques, les puyas. Plus ou moins meurtrier, les coups de pique doivent être précis : plantés entre la quatrième et la septième vertèbre dorsale, ils coupent les muscles releveurs et extenseurs du cou, entre les quatrième et sixième vertèbre cervicale, ils sectionnent les ligaments de la nuque.
A chaque poussée du taureau, la pique s’enfonce un peu plus, jusqu’à 14 cm. Cela s’appelle «travailler le taureau». 6 à 8 fois successivement, la pique fouille, s’enfonce dans le dos de l’animal.
Pour le torero, les avantages tirés d’un « travail bien » fait sont énormes. En effet, le taureau ne peut plus bouger la tête et la garde baissée lors des différentes passes et démonstrations.
Tout danger, ou presque, est écarté.
Un effet de fausse «bravoure» est donné par l’impression que le taureau va charger à tout moment.
Cette première torture est également appelée par les puristes le «châtiment». Nous n’avons pas encore pu établir de quel crime il doit être punis…
À l’issue du premier acte, l’animal est dit «toréable».
2ème acte : le tercio de banderilles
Cette étape est généralement présentée comme un simple jeu consistant à planter des accessoires sur le dos du taureau.
Communément appelés banderilles, ces accessoires sont en réalité des harpons de 5 voire 6 centimètres de long, ornés de fleurs multicolores qui détournent l’attention du public.
Le but inavouable de ce «jeu» est de faire évacuer le sang de l’animal pour l’empêcher d’avoir une hémorragie interne suite au «travail» du picador. On s’assure ainsi que le taureau ne flanchera pas avant la fin du spectacle.
Le taureau reçoit ainsi trois paires de banderilles, suscitant l’admiration d’un public tellement ébloui par les couleurs vives des accessoires et par le costume de lumière de l’acteur qu’il arrive à occulter la triste réalité.
3ème acte : le tercio de mort
Il a lieu dans la grande majorité des corridas : corridas dites espagnoles. Les peones font à nouveau exécuter plusieurs passes au taureau. Ils stimulent encore un peu l’animal épuisé.
Le matador entre alors en scène. Vêtu de son collant et de sa veste lumineuse, il attire les regards. Gigotant dans des postures qui se veulent esthétiques, il hypnotise souvent les femmes par ses exhibitions presque indécentes.
Le dernier numéro de prestidigitation peu alors commencer.
Le matador attire et dirige les charges du taureau à l’aide de son étoffe rouge, ridiculisant et humiliant un peu plus ce pauvre animal à bout de forces.
Il lui fera ensuite baisser «docilement» la tête afin de planter son épée dans un garrot déjà ensanglanté.
La mort apparaît alors comme une délivrance… et le matador – tueur en espagnol ! – comme un sauveur !
Mais souvent, l’arme est mal plantée. Elle peut sortir par les flancs ou transpercer un poumon. La victime semble alors vomir son sang et meurt asphyxiée par une hémorragie interne. Quand le premier coup d’épée ne tue pas assez vite, un peon se glisse derrière le supplicié et d’un geste vif, retire l’épée. Il la rend alors au matador qui recommencera la mise à mort. Il arrive que les taureaux reçoivent ainsi six à sept coups d’épée, voire plus !
Lorsque le taureau a «l’indécence» de ne pas tomber, ce qui arrive environ une fois sur trois, le tueur achève sa triste besogne à l’aide d’une épée spécifique, le descabello, plantée entre les deux cornes, pour lacérer le cerveau...
Dans tous les cas, un coup de grâce est donné à la nuque. Un «courageux» peon s’approchera du taureau à terre et lui plantera un poignard, appelé puntilla, dans la nuque pour sectionner la moelle épinière. Ce geste peut lui aussi en cas d’échec être répété plusieurs fois.
Le taureau bougera ses pattes sous la douleur insoutenable, il urinera de frayeur et son corps, luttant contre la mort, sera secoué de spasmes déchirants, puis sombrera peu à peu. Un cas sur trois, après la puntilla, le taureau est toujours vivant.
Une musique de cirque accompagne alors les clameurs sordides de ce carnaval dérisoire.
Et, tandis qu’une pluie de fleurs honore le matador, un attelage traîne le corps du taureau comme une épave hors de la vue du public dupé...
Souvent encore en vie, il sera emmené au toril et agonisera seul… avant de finir à la boucherie. Pour l’un c’est la gloire, pour l’autre la mort dans l’indifférence…
Les valets de piste effacent, au râteau, les traces de sang sur le sable.
On peut alors ouvrir la porte du toril… à la victime suivante. Ils seront six à être sacrifiés ce jour là au nom d’une tradition validée par l’indifférence d’une société laxiste…
La corrida portugaise
Ce type de corrida est souvent justifié à tort par sa caractéristique principale : l’absence de mise à mort du taureau dans l’arène. Cette caractéristique est véridique. Mais elle est loin de venir tempérer notre lutte.
Car nous ne condamnons pas seulement la mise mort. Nous condamnons également, et surtout, les vingt minutes de torture qui la précèdent et qui sont bel et bien présentes dans une corrida portugaise. Les tercio de pique et les tercio de banderilles décrits précédemment ne sont pas moins douloureux ici !
La mort viendra quoi qu’il advienne. Elle est le corollaire de la vie, nous ne la condamnons pas. Pour tous, nous la souhaitons rapide et sans douleur. Dans la corrida portugaise, nous arrivons au paroxysme de l’horreur : en effet, le taureau est sorti de l’arène après avoir été supplicié. Il ne peut plus lever la tête, a perdu des litres de sang... Qu’advient-il alors de lui ?
Dans le meilleur des cas il sera achevé derrières les portes de l’arène. Mais il n’est pas rare qu’il reste seul à vomir son sang en attendant la mort… pendant que la foule jouit du spectacle qu’offre la torture de la victime suivante. Cette mort cachée, retardée, arrive lentement au terme d’une longue agonie. Et on veut nous faire croire que la mort est absente de ce type de corrida ! Que les corridas portugaises sont anodines !!!
La corrida portugaise est au contraire plus répréhensible encore que la corrida espagnole. Elle est le reflet de l’hypocrisie caractéristique du monde taurin.
Les chevaux
Ne les oublions pas !!! Nous avons voulu faire une place aux chevaux, frères de malheur et de souffrance des taureaux dans les arènes. S’ils ne sont certes pas torturés de la même façon que les taureaux, il n’en reste pas moins qu’il sont très souvent blessés ou tués.
Stop aux corridas ! Plus de chevaux dans les arènes.
De la maltraitance ordinaire des chevaux quand on ne murmure pas à leurs oreilles. La plus belle conquête de l’homme ne fait pas vraiment l’objet du plus élémentaire respect de la part de ses «conquérants». Le cheval, cet équidé qui rendit pourtant des siècles durant de fiers et loyaux services à ceux et celles qui se firent ses exploiteurs, est encore et toujours, ici ou là, victime d’innombrables maltraitances.
Les guerres de toutes natures firent des hécatombes, pour des millions de chevaux. Mais pour rester, plus précisément, dans l’espace ludique contemporain qui nous préoccupe, nous dénonçons l’utilisation du cheval dans la corrida. Cette dernière est source d’une multitude de sévices pour le cheval, compagnon d’infortune du taureau.
Le cheval du picador est soi-disant « protégé » de la charge du taureau par un lourd caparaçon. Or, il n’est pas rare de voir le groupe équestre renversé par cette charge. Nombreuses sont les éventrations. Le caparaçon ne protège pas l’abdomen du cheval et constitue un réel handicap lorsque ce dernier cherche à se redresser. Ajoutons à cela l’horreur des yeux bandés, les oreilles ficelées et bouchées et les naseaux barbouillés de produits pour qu’il ne sente pas l’odeur du taureau et du sang qui pisse sous les banderilles.
Dans la corrida à cheval, le cheval n’a aucune protection. Le cavalier oblige le cheval à un geste contre nature en l’amenant vers le taureau. Ensuite, il faut esquiver la charge. Les blessures sont nombreuses. Les cornes effleurent souvent les chevaux. Il faut voir leurs yeux exorbités pour comprendre leur affolement, comprimé entre un mors sévère et des éperons acérés. Dans une déclaration dans le Midi Libre, l’un de ces tortionnaires avoue : «lorsqu’on prépare des chevaux aux corridas, il en faut beaucoup car il y a énormément de déchets». Arènes ou abattoirs, aucune différence, sinon la douleur et une agonie plus longue. La corrida est la pire des lâchetés. Ensemble, Obtenons son abolition.
Association Ethique du Cheval.
En réaction à la décision du Conseil constitutionnel, Michel Onfray, philosophe, écrivain a écrit le texte suivant :
Le cerveau reptilien de l'aficionado
Le Conseil constitutionnel vient d’autoriser la poursuite des spectacles de traitements inhumains et dégradants… de l’homme. Car assister à une corrida, c’est s’installer dans ce qu’il y a de moins humain dans l’homme : le plaisir pris à la souffrance et à la mise à mort d’un être vivant. On a beau envelopper ce rite barbare de fanfreluches culturelles, citer Goya, renvoyer à Picasso, en appeler à Hemingway ou Leiris, les ritournelles culturelles de cette pauvre caste, il n’y a pas de bonnes raisons pour un cortex normalement constitué de travailler en faveur du cerveau reptilien.
Toute la civilisation est effort d’arrachement de la barbarie pour aller vers la culture : disons-le moins prosaïquement, pour aller du talion à la loi, du viol à sa condamnation, de l’exploitation des enfants à leur éducation – de la corrida à son abolition. Il cohabite en chacun de nous un cerveau de l’intelligence et un cerveau de serpent : on doit au premier les artistes, les écrivains, les bâtisseurs, les philosophes, les musiciens, les inventeurs, les pacifistes, les instituteurs ; au second, les tortionnaires, les tueurs, les guerriers, les inquisiteurs, les guillotineurs, et autres gens qui font couler le sang dont les toreros.
Sade est le maître à penser des amateurs de corrida : il fut avant les Lumières le dernier penseur féodal pour qui son bon plaisir justifiait le sang versé. Il faut en effet un formidable potentiel sadique pour payer son entrée dans une arène où le spectacle consiste à torturer un animal, le faire souffrir, le blesser avec cruauté, raffiner les actes barbares, les codifier, (comme un inquisiteur ou un tortionnaire qui sait jusqu’où il faut aller pour garder en vie le plus longtemps possible celui qu’on va de toute façon mettre à mort...) et jouir de façon hystérique quand le taureau s’effondre parce qu’il n’y a pas d’autre issue pour lui.
Dans leur cynisme, les aficionados récusent cette idée de l’impasse dans la mort et renvoient pour ce faire aux rares taureaux graciés exactement comme le partisan de la peine de mort justifie cette autre barbarie par la possibilité pour un chef d’État d’exercer son droit de grâce... La preuve que le taureau ne meurt pas toujours, c’est que, selon le caprice des hommes, on décide parfois d’en épargner un sous prétexte de bravoure !
Qu’un être qui jouisse de l’exercice codifié de la barbarie puisse en appeler à la vertu fait sourire...
Dans l’arène, il y a tout ce qu’on veut, sauf de la vertu : du sadisme, des passions tristes, de la joie mauvaise, de la cruauté, de la férocité, de la méchanceté. J’évite, à dessein, la bestialité, car la bête tue pour se nourrir, pour défendre son territoire, protéger ses petits, vivre et survivre. Je ne sache pas qu’il existe dans le règne animal ce spectacle dégradant qui consiste à tuer lentement, pour le plaisir de mettre à mort et de jouir de ce spectacle pour lui-même, avant abandon du cadavre à son néant. La mise en scène, l’exhibition de la cruauté, le sang versé pour s’en rassasier, voilà ce qui caractérise l’homme – pas la bête.
On voudrait également que celui qui n’aime pas la corrida devienne végétarien : c’est ne pas vouloir comprendre que le problème dans la corrida n’est pas la mise à mort, encore que, mais son spectacle à des fins de jouissance. Quand le boucher tue pour nourrir la population, il ne jouit pas d’abattre – du moins, il n’entre pas dans sa fonction qu’il en soit ainsi...
Notre époque sent le sang. Quelques uns s’honorent en ne communiant pas dans cette barbarie défendue par son ancienneté : mais il est dans l’ordre des choses que toute barbarie s’enracine dans la tradition et l’ancienneté. L’argument de la tradition devrait être définitivement dirimant. Depuis les temps les plus anciens, le mâle viole la femelle, le fort égorge le faible, le loup dévore l’agneau : est-ce un argument pour que les choses continuent toujours ainsi ? Il y a plus d’humanité dans le regard de mes chats que dans celui d’un être qui hurle de joie quand le taureau vacille et s’effondre, l’oeil rempli de larmes et bientôt de néant.
Michel Onfray
Membre d’honneur de l’Alliance anti-corrida
Octobre 2012
www.allianceanticorrida.fr